AIMER  A  PERDRE  LA  RAISON

 A EMILIEN
Pourquoi ce matin j’ai envie de t’écrire ! Peut-être que le manque de toi est de plus en plus insupportable , peut-être que je ne supporte pas non plus de ne pas savoir ce que devient ton assassin ! ce  moins que rien qui a détruit ta vie et a fait de la notre un cauchemar .Comment peut-il vivre avec ta mort sur la conscience sans avoir jamais émis le moindre sentiment de regret ou de remord .
Je t’écris aussi parce que je n’en peux plus de faire semblant , je ne supporte plus de m’entendre répondre ‘çà va ‘à cette question alors que j’ai envie de hurler :non çà ne va pas, comment cela pourrait aller ,alors que notre vie a basculé ce 11 Décembre 2004 dans le néant.
Il y a tellement de choses que je n’ai pas eu le temps de te dire :
Depuis notre rencontre avec PAPA , on ne peut pas dire que j’avais tourné la page de toutes ces années d’angoisse et de tristesse qu’avait occasionné la maladie et la mort de ma Maman. Papa m’a tellement soutenu et nous nous sommes battus jour après jour, difficulté après difficulté pour récréer notre « petit monde » avec tant d’amour et de joie avec votre arrivée à REMY et à toi.
Je ne pensais pas qu’un jour ce monde serait si fragile et pourtant au fond de moi j’avais peur ! comme un préssentiment, on était trop heureux.
Comme avant la terrible maladie de MAMAN : c’est vrai, la vie n’était pourtant pas facile pour elle, les fins de mois difficiles, Notre Papa pas toujours au mieux ! etc… et pourtant tant d’amour à nous donner, en plus de la sagesse et des leçons de courage. Je ne me souviens pas d’avoir entendu maman crier, se mettre en colère, ou pleurer (même pendant sa maladie). Papa, lui je pense que tu lui ressemblais, il avait un cœur gros et généreux, mais fragile et perdu devant la maladie et la mort de maman.
A l’époque notre petit monde à nous, c’était aussi Pépé et Mémé avec de l’amour, des joies, des rires, les coups de gueule de Papa et puis la vie qui bascule une première fois. 
Pour toi, la maladie et la mort ; des sujets tabous. Le soir quand tu rentrais, en posant tes chaussures, tes premiers mots c’était : ça va Moumoune et là, déjà je savais que tu voulais entendre : bien sûr, ça va !
Aujourd’hui, il y a 4 ans que la vie a basculé à nouveau. Je te revois si heureux de partir avec Mylène, Sonia et Titus pour les illuminations à LYON et la dernière image : à la porte de l’ascenseur avec Mylène et ton tabouret, vous alliez chez Sonia et Titus… et puis plus rien, qu’un affreux cauchemar.
Plus que des images souvenirs qui reviennent en boucle : je te revois à la main de Nounou, revenant de chez le coiffeur pour la première fois et ta petite tête de garçonnet. Je revois aussi nos parties de pêche à l’étang avec REMY (pas très pêcheur !) qui nous faisait rire, avec MICKAEL ou FLORENT , et  puis on y emmenait Pépé tout comme aux courses de vélos de Papa et puis tant d’autres choses et il n’y a pas si longtemps : mes deux « gardes du corps » quand vous veniez me chercher à Ste Madeleine et que j’avais du mal à vous suivre avec « mes petites jambes »et puis toi au milieu des pelotons que me faisait un signe de la main : je suis là Moumoune ! 
Alors, comment supporter ton absence, comment supporter qu’un abruti ait arrêté tout ça ? Comment ne pas s’indigner et se révolter à la lecture d’HOMICIDE INVOLONTAIRE : alcool 2 g 78,  vitesse 170 km/h,  Permis non prorogé !!
Non, je ne peux pas supporter qu’on me dise que c’est le destin ! qu’il faut tourner la page ! que j’ai mal quand on demande : vous avez des enfants : j’ai envie de crier, j’en ai deux pour toujours (je vous ai tellement désiré). 
Pourquoi j’écris : parce que je me rend compte que 4 ans ont passé et que rien ne change ni pour nous, ni pour tant d’autres, la « SOCIETE » ne veut rien fait pour que ça change : des « moins que rien » continueront de tuer impunément des « gens bien » tout simplement qui ne demandaient qu’à VIVRE ;
 
Aujourd’hui, je pense que tu nous dirais : ACCROCHEZ-VOUS et remerciez tous ceux qui de loin ou de près, d’un petit geste, d’un mot, d’une attention particulière ou plus, vous réconfortent  et  PENSENT  à  moi  EMILIEN . 
                                                                       MAMAN qui t’aime tellement !
 



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